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Plantes exotiques et biodiversité font-elles bon ménage ?

On parle beaucoup des plantes exotiques invasives. Mais toutes les espèces exotiques sont-elles mauvaises pour la biodiversité ? Les insectes pollinisateurs, en particulier, ne peuvent-ils pas trouver un intérêt dans ces fleurs venues d'ailleurs ?



Des plantes exotiques qui peuvent s'avérer envahissantes

Plantes exotiques invasives


Selon l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), les espèces exotiques envahissantes sont la 3e cause de perte de biodiversité, animale ou végétale, dans le monde. Ces espèces invasives seraient impliquées dans la moitié des extinctions depuis 400 ans. Et c'est un fait avéré : certaines espèces exotiques végétales introduites dans un nouveau milieu peuvent devenir envahissantes, voire carrément invasives. Si, dans ce nouveau biotope, elles n'ont ni parasites ni maladies qui les guettent, et si elles cumulent certains avantages adaptatifs par rapport aux autres espèces "locales", elles risquent d'occuper l'espace au détriment de la flore indigène. Ces avantages adaptatifs peuvent être une croissance très rapide, une capacité à s'installer dans des milieux variés, même dégradés, une multiplication végétative très efficace et/ou la production d'un très grand nombre de graines...


Balsamine de l'Himalaya en bord de route (Impatiens glandulifera)


Quelques exemples de ces espèces invasives, parmi les plus connues d'une très (trop) longue liste :

  • Le buddléia (Buddleia davidii) ;

  • L'herbe de la Pampa (Cortaderia selloana) ;

  • La myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) ;

  • La renouée du Japon (Fallopia japonica) ;

  • La balsamine de l'Himalaya (Impatiens glandulifera) ;

  • L'ambroisie (Ambrosia artemisiifolia) ;

  • La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) ;

  • La griffe de sorcière (Carpobrotus edulis) ;

  • L'ailante (Ailanthus altissima) ;

  • La jussie (Ludwigia grandiflora) ;

  • Le mimosa (Acacia dealbata) ;

  • Le robinier ou faux acacia (Robinia pseudoacacia)...


Robinier, faux-acacia (Robinia pseudoacacia)


Un caractère envahissant à relativiser


Certes, quelques-unes de ces plantes (et elles sont, quoi qu'il en soit, toujours trop nombreuses) représentent une réelle menace pour la biodiversité. Mais pas toutes : certaines ne colonisent que certains milieux très dégradés (le buddléia, par exemple, est surtout présent dans les friches, les terrains vagues et le long des axes de ciculation, mais on le rencontre finalement assez peu ailleurs), ou sont même utiles pour la restauration et la dépollution des milieux (sol et eau : on parle de phytoremédiation), ou encore la stabilisation des sols (talus en bordure d'autoroutes ou de voies ferrées).


Papillon sur un buddleia


 

Fleurs exotiques et insectes pollinisateurs


Des fleurs exotiques favorables aux insectes


Autre aspect, moins connu : les plantes exotiques, en dehors de leur côté envahissant ou non, peuvent aussi être utiles à la biodiversité. Prenons l'exemple des insectes pollinisateurs : l'une des causes de leur disparition tient à la raréfaction des sources de nourriture et au manque de diversité des fleurs à butiner. Un champ de colza en fleur représente certes une importante source alimentaire pour les abeilles et les autres insectes butineurs, mais cette ressource est limitée dans le temps : avant la floraison et après celle-ci, le champ n'offre rien à ces insectes floricoles.


Bourdons butinant des fleurs de Callistemon


Alors que dans les jardins, les floraisons sont variées et se succèdent : les espèces exotiques qui, pour certaines, ont une floraison précoce ou au contraire très tardive, apportent aux pollinisateurs une source de nourriture non négligeable à des périodes où les fleurs indigènes sont rares. Et pour celles qui fleurissent en pleine saison, elles peuvent être, tout autant que les fleurs locales, très mellifères, c'est à dire offrir en abondance du nectar ou du pollen aux insectes. Buddléia, verveine de Buenos Aires, certains lobélias, phacélie, bourrache, arbre de Judée, céanothe, callistemon, seringat, faux-acacia... Toutes ces espèces sont exotiques et très appréciées des insectes pollinisateurs.


Phacélie (Phacelia tanacetifolia) - (Lotus Johnson / flickr.com)



Alors, on plante exotique ou pas ?


Alors non, exotique ne signifie pas inutile ou même néfaste à la biodiversité. On lit souvent qu'il faut favoriser les espèces locales dans nos jardins : elles sont certes mieux adaptées au climat, mais pas forcément plus intéressantes pour nos pollinisateurs. L'idéal est de varier intelligemment les espèces, les origines, les formes de fleurs (tubulaires, en assiette... en évitant les variétés à fleurs doubles), les couleurs et les époques de floraison...




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